Delphine Doukhan s’inscrit dans le champ de la photographie et de la vidéo plasticienne.
Nourrie à l’esprit surréaliste et Dada, imprégnée de mélodrames cinématographiques ainsi que d’un certain cinéma underground, également inspirée par des postures et des regards de la «street photography», elle commence son parcours en photographiant et en «vidéographiant» des personnes de son entourage à l’intérieur de situations narratives (souvent absurdes) questionnant certains stéréotypes et archétypes (l’érotisme genré de la peur, le modèle de la femme au foyer comme source d’enfermement, les rapports filiaux conflictuels, les trios amoureux déchirants, les contes revisités, actualisés…)
Depuis, elle continue d’explorer le champ ambigu de la norme et de la transgression, en plaçant le corps et l’intériorité au cœur de ses réalisations vidéos, ces dernières s’appuyant de plus en plus sur des dispositifs scéniques qui peuvent faire intervenir un grand nombre de participants, autour de la même famille thématique élargie (transe collective, la figure du bouc-emissaire).
L’infime (au sens propre comme au figuré) tient une place majeure dans l’élaboration de ses travaux ; indice de mouvements intérieurs, source d’actions dramatiques et de possibilité de climax, il constitue la base dramatique et temporelle dans beaucoup de ses réalisations (suites d’images photographiques de mouvements décomposés, recomposées ensuite en une continuité vidéo réinventée).
Dans la même logique, ses productions trouvent souvent ancrage dans l’existant de proximité, révélateur et/ou source de phénomènes plus larges. Ainsi, les investigations vidéos, les portraits photographiques aux protocoles d’action spécifiques nourrissent également son parcours.
Séquences photographiques, portraits aux protocoles spécifiques, alternent aux pièces vidéos investigatrices et déambulatoires ou bien fictionnelles, ces dernières faisant appel à des dispositifs de plus en plus complexes.
Depuis peu, elle développe également une pratique en céramique, un contact premier et direct avec la matière, une forme d’écriture automatique qui ouvre de nouveaux champs narratifs et formels.
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions, entre autres, au centre Georges Pompidou, à la Marian Goodman Gallery (Paris), au Point éphémère (Paris), à la Biennale d’art contemporain de Rennes ; il a été montré lors de festivals comme la biennale de l’image en mouvement (Genève), le festival vidéo de Louvain (Belgique) ; il a été présenté au Daegu Art Museum (Daegu, Corée) plus récemment.