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Corentin Massaux

Très tôt, il a été question de peinture et très vite, de peinture dans l’espace. Une pratique picturale qui s’est orientée vers l’installation, par la production d’œuvres dites situées, qu’elles tirent leurs origines de mon environnement immédiat et prennent en compte les espaces qui les accueillent. Une approche contextuelle de la peinture, jouant des détails pour les souligner.

Mes recherches plastiques, au contact de différents lieux et contextes se sont petit à petit orientées vers une forme de discrétion, en jouant de fac-similé d’éléments domestiques (revêtement de sol, tentures, film occultant, etc.) tout en travaillant avec des matériaux simples (bâche, aérosol de marquage, terres récoltés, chutes d’aluminium, etc.) en les faisant glisser dans le champ du pictural par des gestes simples et impliquant mon corps. Mon œil se porte aux détails, aux gestes et situations anodines et avec toujours en fond, la question du pictural. Je fais une peinture qui parfois peut se passer de l’outil peinture.

Depuis toujours, et c’est sûrement quelque chose qui me vient de mon enfance au sein du monde agricole, je m’intéresse à des formes d’empirisme, à ce qui s’appuie et se crée sur et dans l’expérience. Bidouille, système D, détournement, débrouillardise, trouvaille et économie de moyens influent sur mes processus de création. Je fonctionne par associations d’idées, assemblages de matériaux, couleurs et gestes glanés. Ces gestes sont souvent de l’ordre de ce que Michel de Certeau nomme « invention du quotidien » – un coup de bombe orange fluo qui rend visible un élément urbain, l’accumulation de feuilles de papier pour obstruer une vitrine, les traces d’éponges encore visibles après un nettoyage grossier sur un chantier, les plis d’un ruban de masquage mal posé, le détournement d’éléments d’assemblage, etc. – et qui ne nécessitent pas forcément de technicité ou de savoir-faire particulier.

Un travail de réécriture plastique advient ensuite dans l’expérimentation, dans une « Réalité autre, mais réalité quand même » (Hans Hartung). Le dernier mouvement s’accompagne des espaces d’exposition et dans un aller-retour entre le souvenir des situations observées et le contexte actuel. Une sorte d’écho déformé par la peinture. 

Instagram : @corentinmassaux