«Nous sommes intéressés par l’étrangeté qui réside dans la transmission des savoirs, que ce soit à l’école, dans les musées ou ailleurs». Bevis Martin et Charlie Youle ont le souci méthodique et encyclopédique des grands amateurs, leur imaginaire puise tout autant dans la culture populaire et les loisirs que les livres d’école, les ouvrages scientifiques ou autres essais des sciences humaines. Leur travail triture les analyses rationnelles habituelles de la pédagogie, ainsi que la morale véhiculée par les institutions ; ainsi les artistes prennent-ils de la distance avec les images et autres supports qui transmettent du savoir. Ils pourraient être tentés de remettre de l’ordre dans ce chaos. à l’image de la pensée, leur œuvre s’articule tel un work in progress, un projet en évolution qui s’éclaircit progressivement – qui peut aussi être détruit et ne pas s’inscrire dans le temps. Loin des artistes l’idée de conforter le regardeur et ses conceptions du bon savoir, du bon goût, de la bonne pensée, etc.
Leur production d’objets en céramique, qui recoupe l’esthétique et une pédagogie inventée, explore l’absurdité des modes de communication et leur représentation ; ainsi que les émotions qu’implique le processus d’apprentissage, de l’étonnement à la frustration. à la manière du peintre métaphysique Giorgio De Chirico, leur œuvre joue sur des contrastes chromatiques et riposte avec la réalité. Tel un pictogramme, l’objet devient sujet. «Nous suivons notre instinct de faire le travail quand il nous fait rire, non pas pour produire un travail simplement drôle ou ironique, mais parce que nous considérons notre rire comme un indice de quelque chose de dérangeant.»
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