Mon identité métissée se reflète à travers mon intérêt pour l’hybridation des formes. Elle m’invite à jouer avec les frontières des médiums avec lesquels je compose : la peinture, l’installation, la sculpture, l’écriture.
Mon attachement aux figures ignorées qui peuplent le quotidien me questionne sur l’origine de ces formes modestes et leur transmission. La recherche de trajectoire d’un artefact m’engage à enquêter sur sa vie invisible : les savoir-faire qu’elle convoque, les personnes qu’elle relie, les histoires intimes qu’elle écrit.
Je revendique une anthropologie par le faire en utilisant les protocoles propres à cette discipline : l’exploration des territoires, la rencontre, le journal de bord. Le détournement des outils, la répétition du geste sont une exploration de la variation : des reproductions d’empreintes altérées pour en révéler leur propre unicité. Je réarrange les objets que je collecte pour mettre en scène l’intimité de leur histoire personnelle.
Je mélange un langage emprunté à une culture de l’image industrielle : les couleurs bigarrées se mêlent aux teintes crépusculaires, la précision des dessins aux flous des états de surface, la répétition des compositions au chaos de la profusion. Les supports se multiplient, les étendards en textile, le papier peint, les plaques de pierre, deviennent des éléments constitutifs de leur propre espace. Je vise à rendre une matière inerte, vivante. Sortir ces narrations de l’anonymat est une manière de témoigner d’une humanité qui se révèle au cours du processus de transformation. Ce sont des passerelles qui tendent à leur donner une place dans une archive du présent, une mémoire du futur.
Instagram : @emilie.hirayama