Tenir debout.
Cette locution évoque pour Anne Lebréquer la verticalité d’un point de vue physique, architectural et moral. C’est la base du corpus sculptural qu’elle a engagé. Les armatures, ou squelettes de fer, dans ses installations, sont à nu, sondant les notions du soutien ou de l’absence. Ils soutiennent des formes fragmentaires et animales, dans des jeux d’équilibre précaire.
Elle opère en creux pour donner chair à des fragments de corps d’équidés en résine et fibre de verre. Le choix ou le détournement de matériaux et d’objets importe beaucoup et s’intègre à l’acte créatif. Ils sont détournés de leur vocation première, utilisés tant pour leurs formes et leurs histoires que pour leurs valeurs symboliques. Elle met en mouvement des vestiges d’harnachement équin dans des chorégraphies qui en appellent à une certaine fragilité. Ses oeuvres suggèrent, l’animal, le cheval, mais les formes ont été fragmentées, arrachées, restructurées, de telle manière qu’elles acquièrent leur propre beauté autonome et abstraite.
Dans son travail de sculptrice, ses formes hybrides, organiques, animales, fantômes, morcelées, s’apparentent à des formes évidées, des peaux, desquelles palpitent un élan d’émancipation ou de vie.
La représentation du corps animal se confond avec le corps humain et le corps social. S’appuyant sur la littérature, l’histoire, l’art et le patrimoine, elle superpose des bribes de narration existantes avec des récits contemporains, intimes et collectifs. Elle fraye sur son terrain plastique, entre le décalage et le décentrement, cherche interroger, à créer un malaise, ou à combler un manque.
Les matériaux qu’elle investit ont une histoire chargée d’odeurs : cuir, corde, ferraille. Tous ses matériaux s’enlacent, se transpercent, se soutiennent, se fondent les uns dans les autres pour évoquer des dualités complexes, des rapports anthropocentrés, entre violence et mémoire, vulnérabilité et beauté, souffrance et liberté.
On pourrait aussi parler de l’art du nouage ou de l’attachement dans sa pratique. La corde matériau à fort pouvoir haptique et symbolique du lien est très présente dans son travail, notamment de tissage.
Instagram : @anne_lebrequer